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Nos ancêtres les Gaulois...

24 Septembre 2016 , Rédigé par c laurans

Dieu sait, ma mémé itou, que je ne suis et ne serai jamais sarkozyste, quoiqu’il ne faille jurer de rien tant nous sommes témoins de changements de veste ahurissants, mais si nous ne sommes pas assez instruits ou avisés pour faire la différence entre une phrase prononcée par un candidat à l’élection suprême et destinée à récupérer des voix parties sur son extrême droite et une référence historique datant de la Troisième République destinée à raconter un « roman national » au même titre que Jeanne d’Arc, Blandine et les lions, Bayard le chevalier sans peur et sans reproche, Vercingétorix, l’épée de Roland à Roncevaux, le panache blanc d’Henri IV, Charles Martel à Poitiers, j’en passe et des meilleures qui font partie de nos bandes dessinées d’une France qui avait besoin de fortifier, selon nos historiens de l’époque en service commandé, le sentiment patriotique, alors c’est que nous sommes des journalistes.

Car qui, mieux que les gratte-papiers ou plus exactement, les vendeurs de buzz, profite de ces polémiques fabriquées de toute pièce ? Une phrase prononcée dans un meeting électoral devant quelques centaines de personnes se retrouve, dès 18 heures, faire le buzz sur toutes les chaînes de télé après avoir alimenté plus que de mesure, les réseaux sociaux prompts à sur réagir au moindre fait ou parole et, à partir de vingt heures dans tous les foyers de France et de Navarre entre Plus belle la vie et un jeu plus débile que celui qui l’avait précédé.

Pour en revenir à « nos ancêtres les Gaulois », d’illustres polémistes, de fringants éditorialistes, d’imperturbables experts de la chose, des représentants d’associations de toutes obédiences, le commun des mortels dans un micro-trottoir, tout le monde y va de son interprétation, de son explication, de son sentiment, de sa colère…

Je ne vois, dans « nos ancêtres les Gaulois » que le récit national d’un pays qui cherche des repères et qui ne parle que de racines, d’identité, de vivre ensemble. Ce récit qui redevient essentiel comme sous la troisième république pour éviter les idéologies de substitution que sont les confessions, les croyances, les religions, les églises.

Quand les « LUMIÈRES » s’éteignent, que la fraternité s’étiole, que la solidarité se résume aux bonnes intentions et aux promesses électorales alors que les inégalités se creusent sans qu’on s’en émeuve, à quoi se raccrocher ? A ce qui fait sens pour ceux qui désespèrent de la République qui les abandonne sous le dictât ultra libéral de la mondialisation : de bonnes idées bien simplistes, un discours à géométrie variable ou à des dogmes. Eh bien, il y a mieux peut-être : c’est « Nos ancêtres les Gaulois ».

On oublie que chez nos ancêtres les Gaulois, la femme tenait un rôle non négligeable dans la société. Vingt siècles plus tard, on veut cacher la femme sous un voile, la vêtir pour la baignade, la cantonner à l’esclavage domestique, rogner les conquêtes arrachées aux hommes ou la pousser à prendre les armes ou à se transformer en terroriste. Les filles, les petites-filles des Gaulois se sont battues pour gagner leur liberté, leur autonomie, l’égalité homme-femme, la maîtrise de leur corps, l’accès aux études, au droit de vote…et leurs combats continuent et cette histoire constitue ce roman national qui fait l’unité d’un peuple, la chance d’une nation, la pérennité de la république.

Tout au long de l’histoire de France, la femme a contribué à écrire ce roman, pendant les croisades quand leurs seigneurs allaient guerroyer, sous les monarques où elles tenaient salon pour faire vivre la culture, pendant les deux guerres mondiales où elles assumèrent la responsabilité du foyer, l’éducation des enfants, la préservation de la famille, souvent seules.

Retrouver des références fondatrices qui sont les bases du roman national comme l’obligation, à un moment de notre histoire, d’abandonner les langues régionales pour le Français – vive les hussards noirs de la république qui imposèrent le français à tous les petits gaulois, le temps de réunir un peuple autour de sa langue, celle de sa littérature, de sa culture-. Combien de Français d’origine africaine se sont rendus lisibles et se sont fait universellement connaître, aimer parce qu’ils écrivaient naturellement en français et pas dans la langue de leur origine ?

Le problème, avec les signes d'appartenance, les racines, c'est que ceux qui se victimisent ont plus tendance à écrire leur histoire en surexploitant les faits dont ils ont été, à leur sens, victimes plutôt que de mettre en exergue les réussites, les progrès dont ils ont été les bénéficiaires.

La république doit réunir son peuple dans un territoire – c’est à quoi contribuent les lois de décentralisation depuis des années, les réformes et les pratiques dans nos régions – autour d’une langue, dans la laïcité garante du bien commun et ce n’est pas d’agréger des blocs communautaires qui ne pensent qu’à faire valoir leurs racines au détriment des autres, sous prétexte que l’on ne puisse s’enrichir que de nos différences.

Nos ancêtres les Gaulois, pour ce qu’on en sait, vénéraient les animaux même le serpent à tête de bélier quand nous commençons à douter des hommes au crâne d’œuf (pour les jeun’s, il s’agit de cette catégorie vilipendée de nos jours qui occupe les postes importants dans l’administration après être sortie des grandes écoles qui devraient être l’arme décisive pour un ascenseur social qui s’attacherait plus au mérite qu’aux réseaux, plus au travail qu’à l’héritage), adoraient la déesse-mère si belle - Cybèle, les déesses des carrefours (rien à voir avec la caissière de Carrefour), les astres, les déesses du feu, de l’abondance, la diversité étant gage de certitude de trouver, chez l’un ou l’autre son bonheur. Puis vint le monothéisme – sans commentaire.

Nos ancêtres les Gaulois, une valeur sûre ! Mais si nous arrêtions de regarder dans le rétroviseur pour essayer de voir ce qui nous attend ? La séquence électorale de cette fin 2016 et du début 2017 est si imprévisible que la question mérite d'être posée : et si nous étions à la fin d'une époque ?

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