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Plafond de verre pour les extrêmes

11 Mars 2017 , Rédigé par c laurans

Annoncer, même par blog interposé, que je ne voterai pas à la prochaine élection présidentielle, m’attire des réflexions telles que : « le droit de vote est un devoir » - de plus en plus carcéral ou, pour le dire plus légèrement, caricatural  -, « le droit de vote est un rempart contre la dictature » - il n’y a qu’à répertorier tous les dictateurs qui ont été « démocratiquement » élus pour se convaincre du contraire- et encore une « si tu ne votes pas tu n’as plus le droit de t’exprimer » ce à quoi je réponds que le droit de parler ou de se taire est bien antérieur au droit de vote et que la légitimité d’une parole s’accomplit dans ce qu’il y a d’humain chez l’animal.
Le choix que j’ai fait depuis quelques mois  ( je vote depuis 57 ans, à toutes les élections, sauf à une occasion, la seule, quand l’offre était de choisir entre un coquin et un raciste,  beaucoup de gens m’en ont tenu rigueur et, parfois j’ai douté de mon choix) se renforce au fur et à mesure que le spectacle que la politique nous propose défie toute rigueur, glorifie les trahisons ( la parole donnée ne compte pas plus que les promesses non tenues), ignore la morale ( l’ immunité qui couvre toutes les vilénies sous prétexte de ne pas fausser la vie politique sans scrupule)  et  rend les tricheurs invulnérables sinon irresponsables.
Pour que cesse le jeu des chaises musicales, les plans B,C ou Z,
 quand les partis décomposés, à droite comme à gauche, imposent les candidats qui représentent une minorité comme l’ont négativement démontré les deux primaires, empêchant  une large union qui conditionne une chance d’avoir une majorité de gouvernement,
quand les hommes politiques ne cherchent plus, d’abord, que leur réélection au détriment de la volonté du peuple de retrouver son droit de peser sur la politique au moins une fois tous les cinq ans,
 pour que la politique du pays ne se réduise plus à des affaires, à leur déroulement judiciaire, à leur exploitation médiatique,
 pour cesser que des condamnations arrivent  dix ans après les faits et la réélection des condamnés qui ont eu largement le temps de purger leur peine et de revenir comme s’il ne s’était rien passé au motif qu’ils avaient purgé leur peine,
 pour réformer le système sans être accusé de renverser la table et de ne rien proposer de mieux,
 je propose de ne plus voter pour ne plus être complice d’une comédie quinquennale et pour que les politiques ne représentent plus qu’eux-mêmes…
 Le danger d’une telle attitude est qu’ils se satisfassent de leur entre-soi et que cela ne les choque pas plus que cela car, comme disait l’autre : « je l’ai fait parce que les autres le font et si ce n’est pas moi qui le fait, d’autres le feront ! »
A la pseudo démocratie je réponds par le pseudo vote utile, celui qui démonte la farce. JP Roman et S.Mori, dans un livre, écrivent : « Voter ne sert à rien si ce n'est à légitimer l'inaction du pouvoir et, pardon pour la grandiloquence de la comparaison, mais on peut penser ici à Gandhi, qui s'assied en silence pour réclamer l'indépendance politique contre la domination britannique. Sa démarche silencieuse a fait davantage que toutes les campagnes de presse... »
Si nous laissons perdurer ce petit jeu qui a l’apparence de la démocratie, on risque de voir le plafond de verre de l’extrême droite se briser en mille morceaux pendant que le plafond de verre de l’extrême gauche s’épaissit.  En effet, le discours de l’extrême droite entraîne un vote de déception, de ressentiment, de frustration, de dégoût contre une société de plus en plus libérale où la redistribution des richesses est de plus en plus inégalitaire et de moins en moins bien acceptée par les plus faibles qui sont, double peine, accusés d’en profiter, d’abuser du système. Plus de déçus avec de plus en plus de craintes de voir leur statut se dégrader. Le fameux plafond de verre que beaucoup imaginent incassable et qui devrait empêcher l’extrême droite d’accéder au pouvoir se fissure* et, dans toute l’Europe comme en France, n’a jamais été si près d’exploser aidé en cela par la dédiabolisation savamment orchestrée par de nouveaux cadres qui n’ont pas le lourd passé des dirigeants historiques et qui utilisent les mêmes discours que l’extrême gauche.
Cette extrême gauche qui voit son plafond de verre se renforcer et s’éloigner le pouvoir puisque les égos et les représailles semblent être plus importants que l’intérêt général.

*FN en 1981 : élections législatives 0,3%

             1986 : après un quinquennat de Mitterrand 9,65%
             1995 : présidentielles, deuxième quinquennat de Mitterand   15%
             2002 : 16,8% et plus de gauche au 2° tour
             2012 : présidentielles et deux quinquennats de Chirac 17,9%
             2014 : européennes 27,7%
             2017 : présidentielles après Sarkozy et Hollande et l’affaire Fillon … où sera le plafond de verre ?
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