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Islam: le débat.

27 Février 2011 , Rédigé par C

A l’approche des élections réapparaissent des questions de société qui, traitées dans l’urgence et avec arrière-pensée, suscitent, fomentent des débordements.

 

Le débat qu’initie le Président de la République, en ce début d’année, est de ceux-là. En effet, l’Islam en France est un sujet que beaucoup de monde redoute et, à gauche comme pour une partie de la droite, on redoute les débordements racistes, xénophobes.

 

Cependant, ce débat, qui ne doit pas être un déballage, est peut-être nécessaire et ce n’est pas l’extraordinaire vent révolutionnaire qui souffle sur le Maghreb et, demain peut être sur le Moyen-Orient, qui le rend caduque, bien au contraire.

 

De nombreux exemples, même isolés, même montés en épingle par une certaine presse et certains hommes politiques à l’affût de polémiques qui peuvent mettre leurs adversaires dans l’inconfort d’idées pas vraiment assumées, me navrent ; notre république laïque est attaquée, son intégrité peut être battue en brèche si nous n’y prenons garde. A l’abri d’une fallacieuse liberté des cultes, la religion musulmane occupe le terrain et avance ses pions. Je réalise, à quel point, cette prise de parole sur le sujet est délicate, je sais que la portée est politique voire politicienne, et je ne pense pas que l’on puisse récuser un sujet de civilisation en se contentant d’invoquer la possible stigmatisation d’une religion ou bien comme le fait un ministre de la république, de dire que ce débat est « non seulement injuste mais désastreux », avant de l’avoir tenu.

 

Peu m’importent les lectures propres à chaque imam, les interprétations sectaires de chaque faction, les dictats et les fatwas, les dogmes, les enseignements, les doctrines et les théories, tout ce que j’ai envie de dire c’est que les religions quelles qu’elles soient portent en elles l’asservissement de l’âme et du corps et l’Islam ne fait pas exception :

 

-         les manifestations qui s’intensifient dans les hôpitaux de maris qui refusent que leur femme soit soignée par un médecin du sexe masculin et qui agressent les membres du corps médical sont inadmissibles ;

-         les cantines scolaires, les mess et autres lieux où doit prévaloir la laïcité, transformés en services communautaires à sens unique sont un exemple d’inégalité de traitement;

-         les hôpitaux où les médecins musulmans cessent leurs activités à l’heure de la prière ou les services publics qui vaquent certains jours par manque de praticiens, qui ne veulent pas travailler pour respecter leur religion et, que l’on cache pudiquement en disant qu’ils sont en week-end, grotesque;

-         les lieux publics où des créneaux horaires sont réservés aux femmes qui veulent se baigner habillées, ridicule ;

-         les interventions chirurgicales à connotation religieuse remboursées par la sécurité sociale, scandaleux ;

-         les prières dans la rue qui ne sont pas seulement dues à l’absence de lieux de culte mais à une volonté d’occuper le territoire de la république et, pour certains d’imposer leur doctrine et marquer leur différence, hors la loi ;

autant d’exemples qui trahissent le pacte laïque qui doit prévaloir dans notre république. 

 

Comme Jules Ferry dans le débat sur la loi de 1905, précisant qu’il ne s’agit pas de faire la guerre aux religions, je dirai qu’il est urgent de montrer aux religieux qu’ils n’ont pas à se positionner en donneurs de leçon aux citoyens de la France. Toutes les conquêtes laïques qui sont la garantie du vivre ensemble ont été obtenues contre le clergé, nous ne pouvons laisser le champ libre à ces nouveaux prêcheurs ; ceux qui dévoient l’islam et qui l’utilisent pour défier les valeurs de la république doivent régler leurs problèmes dans la sphère privée, c’est aux musulmans eux-mêmes de faire le ménage chez eux, nous, nous devons veiller à une stricte laïcité du domaine public. Ce débat aura l’avantage d’obliger les « responsables » musulmans de préciser ce qu’est une pratique de l’islam dans le respect des lois, de nous prouver que cela est compatible, que la charia ne s’impose pas au code civil mais cela aura aussi, la vertu de demander à certains élus de la république pourquoi ils tolèrent la privatisation illégale de l’espace public.

 

A l’argument qui consiste à dire que les Français sont préoccupés par le chômage, le pouvoir d’achat et pas par des épiphénomènes ne me convainc pas ; nous sommes capables de nous intéresser aux uns et de vouloir ne pas laisser passer les entorses faites aux autres car il n’y a pas, à mon avis, de petite entorse quand il y a attitude antinomique avec la laïcité.

 

Dire comme Mme Minces, sociologue spécialiste de l’immigration et de l’islam que « ce débat est une connerie (sic) », ou comme Mme Sinclair que « c’est jouer avec le feu et remuer le trouble marmite (resic) » ou encore comme de penser comme Mr de Villepin « que nous aurons un FN à 20% », ne suffit pas à rassurer ceux qui pensent que l’enjeu d’une société laïque ne peut se contenter de phrases à l’emporte pièce et de mépris de ceux qui « savent » ! Peut être éviterons-nous ainsi que les élus socialistes prennent des positions individuelles contradictoires et qu’ils comprendront que laisser le champ libre à la droite comme pour le débat sur la sécurité, peut coûter très cher.

Faut-il, sous prétexte que Mme Le Pen a ironisé « encore un petit bla –bla sur l’islam et nous serons à 25% », que nous soyons assez frileux pour la croire et tourner le dos à un débat citoyen découlant d’un échange d’arguments et prenant en compte que l’islam est la deuxième religion en France, ce qui est un élément nouveau.

 

Réaffirmer comme Mélanchon que tout le territoire de la république doit être laïque et, en premier lieu l’Alsace-Moselle, me satisfait si on y ajoute la rue, les hôpitaux et les cantines scolaires pour ne citer que ces cas.

Que ferons-nous lorsque, passant du médecin à l’institutrice, on exigera que cette dernière porte le voile pour ne pas choquer les petits élèves musulmans ? Ne riez pas, dans certains quartiers de nos villes, des jeunes filles se font tancer, quand elles ne sont pas voilées, par de violentes diatribes.

 

Alors, bien sûr, celui qui déclarait dans son discours de Latran qu’il ne « considère pas que les religions sont un danger, mais plutôt un atout », que « les racines de la France sont essentiellement chrétiennes et encore que « dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé », celui-là n’est pas le mieux placé pour organiser, coordonner un débat de ce type.

 

Une autre réaction, pour finir provisoirement cette réflexion, et qui résonne, pour moi, comme un garde-fou, c’est celle du pasteur Baty, président de la fédération protestante de France : « Si on veut interdire les prières dans la rue, c'est au titre du trouble à l'ordre public, pas au titre de la laïcité, ou alors il faut aussi interdire les processions catholiques (...) »

Les protestants qui volent au secours de l’islam en évoquant la possibilité d’interdire les processions catholiques cela ne manque pas de sel ; preuve, s’il en faut une, que ces messieurs sont prêts à ne se faire aucun cadeau et qu’on peut leur faire confiance pour que la religion musulmane ne soit pas la seule à être stigmatisée ; ouf, on respire !

 

 

 

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