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La biodiversité marchandisée...Une grave menace.

16 Octobre 2010 , Rédigé par C

L’émission Terre à Terre (recommandée par N et S laurans) sur France Culture et pas encore animée par JP Pernaud et le livre « OMC, le pouvoir invisible » co-écrit par Agnès Bertrand et Françoise Degert, m’incitent, aujourd’hui, à faire le point sur  l’année internationale de la biodiversité, décrétée par l’ONU, avant qu’elle ne se termine ; l’année 2010 avait pour but de sensibiliser le grand public - c’est nous - aux enjeux de la biodiversité, d’expliquer ce qu’est la biodiversité, pourquoi elle est si importante pour l’humanité et quels sont les moyens pour la préserver.

Pour ma part je n’ai pas eu l’impression que notre gouvernement faisait ce qu’il fallait pour m’informer, il est vrai qu’il a d’autres affaires au feu.

 

On aurait pu détacher Eric Woerth à cette tâche mais il était utilisé ailleurs, Nathalie Kosciusko-Morizet s’occupe malheureusement du numérique et n’est donc pas libre, ailleurs je ne vois pas qui pourrait s’occuper de ce problème sauf, peut-être, mais alors là nous prenons un risque, mr Borloo !

 

Nous avons eu un avant goût avec Natura 2000 qui avait pour ambition de donner le pouvoir, sans les moyens, aux collectivités, de faire  des projets prenant en compte les enjeux environnementaux et, en particulier, ceux liés à la biodiversité comme ceux prenant en compte les critères techniques, financiers et sociaux.

 

Le passage au niveau international avec l’ONU qui décide, se basant sur des atteintes portées au vivant, que 2010 est « l’année de la biodiversité » n’a pas augmenté le battage médiatique et ce, pour une bonne raison, à mes yeux, c’est que comme la nature est gratuite, vouloir lui donner une valeur marchande est inquiétant et ce n'est pas sûr que tous tiennent à faire trop de publicité.

 

 Issue du Sommet de la Terre de Rio en 1992, la prochaine Convention sur la biodiversité se tiendra à Nagoya, ce mois-ci. Les enjeux sont si économiquement importants qu’une présence massive des lobbys d’affaires est attendue.

Le problème est que la notion de biodiversité a été étendue à la diversité du vivant et à leurs caractères génétiques ce qui inclut les plantes, les animaux, leurs gènes mais aussi les cultures, les paysages, les forêts, l’eau, les savoirs faire traditionnels…

Si besoin était de se persuader du danger pour les libertés, il suffit de savoir que les Services environnementaux de l’OMC sont, avec l’Union  Européenne, les Etats-Unis, l’Australie, le Canada ( non ne cherchez pas le Burkina Fasso, ou le Dajikistan eux on ne demande pas leur avis), la Deustche  Bank, et Clearstream qui depuis 2001 est au centre « d’affaires financières, , industrielles  et politico-financière ».

Avec des partenaires pareils nous sommes rassurés, la finance au service et sauveur de la planète en danger !!!

 

Donner une valeur marchande à des millions d’espèces et de molécules permettrait de dégager 1 100 milliards de dollars de profits pour les entreprises grâce à ce que les « spécialistes » ont dénommé les services écosystémiques !

Il est prévu, bien sûr, quand une entreprise « s’arrangera » avec les règles de protection, qu’elle pourra « acheter » des compensations proportionnées aux atteintes portées aux continuités écologiques ( inutile de préciser que se seront les mêmes qui apprécieront les atteintes et ceux qui devront les payer !) ;

Je ne peux m’empêcher de vous en proposer quelques unes :

Acquisition foncière d’une zone de prairies abandonnées, susceptibles d’abriter les mêmes espèces floristiques et faunistiques.

Rétrocession des parcelles au Conservatoire du littoral, qui garantit l’inaliénabilité des terrains.

Application d’actions de restauration écologique du milieu : enlèvement des déchets et dépôts divers, lutte contre les espèces invasives, opération de débroussaillement mécanique permettant la réouverture du milieu...

Financement de la gestion sur 30 ans : rédaction et mise en oeuvre du plan de gestion prévoyant des mesures de suivi, d'acquisition de connaissances et des actions de gestion comme des mesures d'entretien des milieux ouverts par pâturage ovin.

Comme cela est beau, malheureusement, tous les jours nous apportent les preuves que cela ne se peut que dans nos pays développés au détriment des autres à qui on envoie nos déchets sans état d’âme, à qui on achète, par milliers d'hectares, les terres arables et dont on sait que les règles concernant la protection de la nature sont plus flexibles que chez nous car, souvent, en contradiction avec leurs possibilités de développement (la taxe carbone rachetable en est une parfaite illustration et l'exploitation de leurs surfaces agricoles par les grandes sociétés qui profitent du revenu dégagé sans assumer les risques écologiques et le devenir de ces terres, une fois les bénéfices réalisés, en est une autre).

 

Cette marchandisation, on l'a compris, se fera au bénéfice de ceux qui ont les fonds et la capacité de faire l'avance de trésorerie; c'est là qu'interviennent les banques de compensation qui comme Clearstream sont dans des paradis fiscaux et qui financent  pour d'autres opérateurs du secteur privé. On voit  mal, en effet, un  pays comme la France qui vend ses autoroutes, parfois ses routes nationales( si, si), ses entreprises fleurons comme EDF, La Poste, bientôt la Sécurité Sociale ( prenons date, si vous voulez bien), financer ces opérations qu'elle donnera au privé!

 

« L’intérêt et les capacités du secteur privé dans la conservation et l’utilisation durables de la biodiversité et des services des écosystèmes constituent des sources de futures opérations commerciales" phrase forte qui dit bien le côté mercantile de ce genre d'opérations.

Mais il y a encore plus fort - comme la protection des écosystèmes fournira des services essentiels au bien-être humain,  pourquoi ne les ferait-on pas payer ?

Les banques sont dans les starting-blocks et on peut leur faire confiance pour oeuvrer dans l’intérêt général. Les fonds d’investissement et les fonds de pension au service de la biodiversité, voila, peut-être, la nouvelle bulle qui nous explosera à la figure dans quelques années.

 Selon Sarah Hernandez, économiste environnementale, la compensation financière a toutes les chances de devenir «une licence de destruction» de la nature. Le seul intérêt serait donc celui des banques. Elles seront habilitées à transformer les territoires en actifs financiers et ceci n’est pas une vue de l’esprit. L’Allemagne n’a-t-elle pas suggéré, en mars dernier, que la Grèce « offre ses îles » pour compenser sa dette ? Grâce aux réserves d’actifs naturels, les banques  auront davantage d'occasions de spéculer.

L’OMC n’a-t-elle pas publié son rapport annuel avec en titre « Commerce des ressources naturelles » et Patrick Hubert, ex-conseiller d’Etat qui a dirigé plusieurs cabinets ministériels n'a t-il pas déclaré: « on ne peut pas protéger la biodiversité sans toucher au droit de propriété », fermez le ban ! Mais sans oublier de préciser qu’il s’agit, aussi bien de la propriété individuelle que de la propriété des communes, de l’Etat ce qui a commencé au Brésil qui a dû payer une dette au USA en cédant un Parc Naturel National.

Faire confiance aux financiers pour s’occuper de la biodiversité est aussi futé que de confier ses économies à mr  Madoff (Phrase célèbre …)

 

 

 

 

 

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