Monsieur le député Letchimy, respect !!!
«Vous nous ramenez jour après jour à des idéologies européennes qui ont donné naissance aux camps de concentration au bout du long chapelet esclavagiste et colonial.» Serge Letchimy député.
Et,
« Oui, il vaudrait la peine d'étudier, cliniquement, dans le détail, les démarches d'Hitler et de l'hitlérisme et de révéler au très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du XXe siècle qu'il porte en lui un Hitler qui s'ignore, qu'Hitler l'habite, qu'Hitler est son démon, que s'il le vitupère, c'est par manque de logique, et qu'au fond, ce qu'il ne pardonne pas à Hitler, ce n'est pas le crime en soi, le crime contre l'homme, ce n'est pas l'humiliation de l'homme en soi, c'est le crime contre l'homme blanc, c'est l'humiliation contre l'homme blanc, et d'avoir appliqué à l'Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu'ici que les arabes d'Algérie, les colonies de l'Inde et les nègres d'Afrique [...] » Aimé Césaire.
Le nazisme présenté comme le summum de la barbarie est souvent décrit comme une parenthèse dramatique dans la valeureuse histoire de l’Europe aux racines chrétiennes.
Il serait la résultante d’une crise économique débouchant sur une inflation non maîtrisée, d’un chômage de masse, d’une paupérisation du peuple qui se détourne de la république, d’un désir de vengeance d’une nation humiliée par le traité de Versailles.
Pour son ascension, Hitler s’appuiera sur un libéralisme économique qui magnifie les plus forts et présente comme un progrès civilisateur l’écrasement des plus faibles. C’est le combat de la race aryenne au-dessus de toutes les autres. L’histoire européenne et ses nations colonialistes : l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, la Hollande, la France, les îles Britanniques, l’Italie, le Portugal ( que ceux qui ne sont pas cités m’excusent), montre comment quelques poignées de blancs, chrétiens ont dominé les pays d’Afrique, d’Inde, d’Asie… De là à en déduire qu’ils étaient supérieurs aux autres et nés pour les dominer et choisir leurs destins, il n’y a qu’un pas qu’ils furent nombreux à franchir et que, de nos jours, certains qui ne sont pas convaincus du contraire, franchissent allègrement. Mieux, ils en font leur quotidien à travers des blagues ignobles ou des déclarations électoralistes.
Il est bon de rappeler la violence inouïe avec laquelle les armées coloniales ont traité les colonies. L’histoire coloniale est jalonnée de crimes contre l’humanité, de violations des droits de l’homme. Le darwinisme social qui ne doit rien à Darwin et tout à Spencer, en rencontrant le nationalisme racial justifiera aux yeux des nations « viriles » la guerre totale contre les nations « décadentes ».
Pour en revenir à la phrase de M. Letchimy, je ne peux que l’approuver. Ce député est à sa place dans l’enceinte de l’Assemblée Nationale car si les représentants du peuple doivent écouter les ministres de la république « qui emploient les mauvais mots –M.Juppé » sans pouvoir leur répondre devant la représentation nationale, que l’on me dise où il peut le faire ! L’assemblée nationale est le lieu des débats, c’est là et non dans la presse à scandale ou à TF1 qu’un député a toute légitimité à faire entendre sa voix. M. Letchimy l’a fait, il s’honore et nous sauve du déshonneur de laisser, depuis des années, ce gouvernement de la France, réintroduire dans le discours politique un racisme latent systémique qui fait de l’immigré, du Rom, des sans-papiers, des citoyens à part, des indigènes de la république. Ce sont les blagues sur les « Auvergnats », les moqueries sur l’accent de Mme Joly, le parallèle, récurrent à droite, de l’extrême gauche et de l’extrême droite et de M. Mélenchon et Mme. Le Pen ! Et la place faite aux arabes, aux noirs et aux musulmans et à leur défense du bout des lèvres qui fait que l’on recule, en permanence, devant les conséquences politiques, culturelles, spirituelles et que petit à petit s’ajoute, au clivage social, un clivage racial. Quand les deux se recouvrent alors nous ne pouvons plus dire que nous sommes en république.
L’assemblée nationale ne peut pas se discréditer en punissant le député quand elle s’honorerait en lançant, enfin, le débat essentiel sur l’histoire européenne. Plus d’historiens que de politologues !
Le nouvel engouement de M. Sarkozy, pour des référendums qui illustrent parfaitement cette notion nauséabonde de la politique, peut faire craindre une escalade dans l’abjection.
Mme. Le Pen ayant déserté le terrain de la xénophobie, trop risqué pour elle et déjà bien occupé par ses amis et son père, M. Sarkozy va l'occuper et les francs-tireurs ont déjà déblayé le terrain.
La gauche a le devoir de s’emparer de cet aspect de notre histoire et de faire, enfin, œuvre pédagogique car jeter un voile sur le passé revient à voir ressurgir le problème, plus tard et plus grave.
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