Adieu Aubrac, Bonjour Mélenchon !
Avant que Raymond Aubrac ne soit récupéré et avant que sa personnalité, ses engagements politiques, ses origines ne servent, une fois de plus pour gagner des voix, et même s’il est peut-être déjà trop tard, un simple rappel s’impose.
Raymond Aubrac est un Français né en 1914 et dont la vie qui s’est étalée sur un siècle ne peut être réduite à un catalogue d’actions, d’aventures, d’engagements politique et citoyen. Pour cela, une bonne encyclopédie y pourvoira.
Pour mes jeunes lecteurs qui n’ont pas eu la chance de se trouver dans une école, un collège, un lycée où il intervenait comme acteur de la résistance au nazisme et au gouvernement de Vichy et passeur de mémoire, je dirais que Raymond Samuel, d’origine juive, compagnon de route du Parti Communiste Français fut un homme public, un responsable politique, un entrepreneur, un conseiller, un haut responsable aux Nations Unies. Cela, vous en conviendrez, élimine une grande partie des candidats à la présidence de la république en 2012 qui voudraient utiliser sa mort pour faire parler d’eux.
Seule ombre au tableau, la polémique autour des arrestations de Caluire où la Gestapo et Klaus Barbie de sinistre mémoire arrêtèrent sept responsables de la résistance dont Jean Moulin. Barbie lors de son procès en 1990 essayera de mettre en cause Aubrac en affirmant qu’il fût un agent de ses services.
En 2007, ce qui le rattache à la campagne présidentielle de 2012, c’est qu’il a, avec sa femme Lucie, participé à la rédaction – préface - de L’Autre Campagne, un document coécrit avec des intellectuels parce que :
« La campagne présidentielle s’engage sur des bases sinistres entre une droite qui ressasse les recettes les plus éculées du maintien d’un ordre économique et social et une gauche assoupie aux protestations molles, feignant l’indignation pour mieux dissimuler l’indigence de ses propositions et son ralliement au conservatisme néo-libéral. D’un commun accord, aussi tacite qu’efficace, la classe politique vieillissante est unie pour disqualifier par avance toute politique de gauche réellement alternative, réduite à l’utopie, l’irréalisme, l’irresponsabilité, en résumé donnée pour simplement impossible.
Il existe en réalité un renouvellement très important des forces politiques de progrès social, écologique et de solidarité internationale, et un travail considérable à la fois critique et propositionnel a été accompli ces dernières années. Cependant leur visibilité et leur efficacité politique et collective restent faibles. De nombreuses initiatives sont en cours pour fédérer, organiser et faire exister dans le débat public ce renouveau politique ; l’objectif de L’Autre Campagne est d’être l’une d’entre elles. »
L’Autre Campagne de l’Autre Campagne 2012 resterait-il à écrire ? Si l’on en juge par l’actualité saisissante du premier paragraphe, tout porte à le croire en tout cas pour tous ceux qui ne veulent pas entendre les discours et les idées de M.Mélenchon ! S’il en est un, à bien des égards qui peut se considérer comme un de ces héritiers de ces hommes et de ces femmes de gauche qui se sont battus pour la république et la démocratie, sans pour autant le revendiquer autrement que par ses discours et ses actes, c’est bien M.Mélenchon.
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