Au mépris répondre par l'indignation.
Je reviens, aujourd’hui, sur le thème de l’indignation qui a soulevé des polémiques et de la colère à droite, comme par hasard.
J’emprunterai à Edgar Morin qui dit ce que je pense mais l'exprime bien mieux : « Le mot indignation est le premier pas de l’action » et, « le mot colère vient du grec kholê, la bile ! Il porte l’idée de violence. Le mot indignation vient du latin dignitas. S’indigner c’est défendre sa dignité d’homme ! »
On ne peut demander à tous les avocats qui nous gouvernent de partager la culture helléniste et latiniste d’Edgar Morin mais, ce que l’on peut leur reprocher c’est de participer, depuis plusieurs décennies, à l’évidement lent mais sûr des programmes, au dénigrement permanent de ces langues qualifiées de mortes et qui sont à la base de notre français si riche et pourtant si menacé et à la suppression d’heures de cours et de professeurs compétents.
Ce sont, donc, des réactions de colère qui ont poussé certains élus de la nation à conspuer, critiquer, vilipender un homme qui s’adressait aux jeunes de tous les pays et, peut-être, plus gravement des réactions de mépris dont ils font leur ordinaire et dont les exemples sont légion.
Le dernier de ces exemples où nos dirigeants se font remarquer par leur manque de sang froid et de responsabilité concerne l’appel Marly d’un groupe de diplomates français qui déplorent la façon dont la France est représentée en dehors de nos frontières (le sujet n'est pas neuf, la politique extérieure de la France est sur la sellette depuis pas mal de temps):
- charge de Mr Guaino, conseiller privé du Président et plume de ce dernier pour qui il écrit des discours pas toujours bien inspirés à mon sens, à qui un journaliste demande de commenter l’opération :
« Je suis toujours gêné d'avoir à répondre, non pas à une tribune, mais un tract anonyme. Je ne sais pas qui parle", je doute que ces gens-là soient des diplomates. (...) Qui sont-ils ? De jeunes ambitieux qui cherchent des places, des diplomates retraités aigris ? » Quelle morgue, quel mépris quand il ajoute : « Il n'a jamais été question que les chefs de bureaux de tel ou tel ministère fassent la politique étrangère. Les diplomates font de la diplomatie, le gouvernement fait de la politique étrangère". "Les notes des diplomates servent à éclairer la décision mais elles ne font pas la décision", insiste-t-il.
- charge de Mr Copé, qui est dans son rôle de chef de parti : « Je n'aime pas beaucoup la diplomatie du commentaire, je préfère la diplomatie de la responsabilité ». Qu’il le dise à notre ministre des affaires étrangères et à notre ambassadeur en Tunisie qui, en matière de responsabilité, ont encore beaucoup à apprendre.
- charge de l’inévitable Baroin : « Nous ne souhaitons pas être les otages des positions de plus en plus politiciennes, tantôt animées par des représentants du Parti socialiste à visage découvert, tantôt animées par d'autres acteurs dans la grande lâcheté du silence obscur où on ne voit aucun visage ». Du latin vous dis-je ! Silence vient du latin silentium, absence de bruit, alors « un silence obscur où on ne voit aucun visage » ça c’est envoyé ! Le ministre de budget voit trop de dessins animés !
Si, jour après jour, nous commentons ces phrases c’est qu’elles sont significatives d’un état d’esprit de ces femmes et de ces hommes qui nous gouvernent et dont l’image importe plus que leur fonction. Que vaut leur parole ?
Ce sont les mêmes qui nous vantent l’action du président de la république devant la crise, comme chef du G20, comme chef de la diplomatie et qu’en est-il ?
Les G8 et G20 sont des « machins » inutiles , sinon cela se saurait et les résultats le démentirait et prétendre le contraire c’est nous amuser; le sauvetage de la Grèce et de l’Espagne dont le président a été, d’après ses thuriféraires, le maître d’œuvre n’est, ni plus ni moins, que le sauvetage des banques qui les ont trompés puis qui ont acheté leurs dettes pour spéculer ; il a reçu, pour cela, une aide très importante du FMI qui contribue à sa façon à enfoncer un peu plus ces pays car, qui croira que lorsqu’on prête, à fort taux, à un état ruiné, il va pouvoir rembourser ?
Soyez sans crainte, nos émérites sauveurs ont la solution toute prête : suppression des fonctionnaires, amputation des retraites, gel des salaires, encouragement aux délocalisations et j’en passe et pas des meilleures ! Ce sont les peuples qui payent, au prix fort, les exploits des dirigeants aveugles ou incompétents.
Sauf que, au fond du bled, un jeune diplômé s’est immolé et tout un peuple s’est soulevé, puis un autre et un troisième en attendant la suite…Le capitalisme qui s’est transformé en hydre totalitaire se nourrissant aux marchés dérégulés (on dirait du Baroin) est fini ; la jeunesse doit et peut inventer un nouvel art de vivre ; c’est inévitable et seuls ceux qui profitent, aujourd’hui, indûment des richesses de tous ne peuvent l’admettre. Une énorme déception les attend ; nous nous indignons pour défendre notre dignité d’homme et celle de nos enfants, mais ce sera eux qui construiront un autre avenir, c'est possible, c'est nécessaire, c'est évident !
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