Dieu, vous êtes condescendant !
Condescendant ! Vous êtes condescendant. Pardon ? Ah, vous n’êtes pas Condescendant, vous êtes Dieu ! Soit. Ce qui ne m’empêche pas de penser que vous êtes condescendant. Pourquoi ? Oh, dieu que c’est simple et compliqué à la fois. Je ne reconnais plus la foi de vos premiers gestes. Ne fîtes-vous pas l’homme à votre image, selon votre ressemblance pour qu’il domine les oiseaux du ciel et le bétail sur toute la terre ? Vous dites que je connais bien l’Ancien Testament. Fichtre, depuis mille cinq cents ans qu’on nous bassine avec ce catéchisme, et même s’il y a longtemps que j’ai déchiré le mien, vous avez eu tant et tant d’illustres ou d’obscurs plagiaires qu’il ne serait pas inutile, dans l’intérêt de l’humanité de faire un peu le ménage. Comment, je suis sévère… Penchez-vous sur votre nuage. Là, encore un peu. Bien, que voyez-vous ? Là, ce désert qui, il y a encore peu de temps n’existait pas, c’est la Syrie. Les amoncellements ce sont les décombres de ce qui reste de la civilisation et peut-être, qui sait, du christianisme. C’est bien là que vous avez choisi de faire sortir l’homme de la préhistoire en lui montrant comment associer le grain et l’eau pour faire des épis et que vous l’avez fait sortir des cavernes pour construire des maisons ? L’idée était bonne et qu’en a-t-il fait ? Ce fut le début de la fin, le coup d’envoi de la guerre contre la vie, de la domination de l’homme sur les oiseaux, le bétail et les reptiles comme vous le souhaitiez. Non, vous n’avez pas voulu ça ; mais il fallait y penser avant et moi, si j’étais vous je ne serai pas fier d’avoir voulu faire l’homme à mon image. En quoi suis-je sévère, votre condescendance est blâmable. Les hurlements des Syriens ne sont pas montés jusqu’à vous ou bien êtes-vous devenu sourd avec l’âge ? Je sais, tout cela n’est pas bien grave, il reste tant et tant de prophètes que vous n’aurez aucun mal à remplacer Jésus. Vous ne vous penchez pas suffisamment ou votre vue baisse. Vous ne voyez pas que la planète bleue vire au gris ? Non, ça ne vous a pas choqué. Mais bon sang, depuis combien de temps ne vous êtes-vous plus penché au-dessus de votre nuage ? On étouffe en bas. On se demande où vous êtes passé et, pourtant, le nombre de personnes qui se réclament de vous n’a jamais été si grand. C’est vrai qu’on est beaucoup plus nombreux que sous l’empire romain, vous avez de l’humour, je vous l’accorde mais je préfèrerais un peu plus de sérieux. Comment arrivez-vous encore à reconnaître les vôtres ? Ah, vous n’êtes pas au courant. Aveugle et sourd. Chez nous, lorsqu’un assassin décide de trucider une partie de la population, il fait sienne la phrase qu’aurait, peut-être, prononcée Arnaud Amaury, légat du pape Grégoire, pendant la croisade contre les Albigeois. C’est ce que se disent les terroristes qui tuent aveuglément en vous renvoyant la responsabilité de reconnaître les vôtres pour les sauver de l’enfer. Mais l’enfer, Dieu, plus personne n’y croit et vous ne dites rien. Votre condescendance m’inquiète. Tenez, vous vous êtes même habitués aux caricatures. On ose se moquer de vous, de vos prophètes et rien, pas un geste, même votre église semble s’être accoutumée aux railleries. Plus rien n’est sacré à vos yeux ? Vos yeux en ont tellement vu, n’est ce pas. Et puis, les caricatures vous ça vous connaît, vos apôtres en connaissent un rayon question caricature. Bon, bon, je ne vais pas passer mon temps à vous taquiner mais reprenez-vous que diable ! Oh, pardon ! Reprenez-vous disais-je. Faites-leurs comprendre que vous n’avez pas besoin de tous ces thuriféraires en robe, ah, vous aussi vous avez remarqué cette mode de la robe quelle que soit leur chapelle et le voile, le voile, quoi de mieux qu’un foulard pour se protéger des atteintes du soleil, n’est-ce-pas. Pas à Lille ? Oui, d’accord mais les habitudes sont têtues, entêtées et se rapportant au voile c’est d’autant plus normal. Faites-leurs donc comprendre que vous n’avez pas besoin d’eux pour vous faire respecter. Montrer que c’est vous le chef, que le véritable blasphème c’est de se mettre à votre place. Ca vous rajeuni d’être un peu moqué, hé, hé, sinon on risque de ne plus trop parler de vous. Moi, ce que j’en dis, c’est juste pour parler. Mais vous ne m’écoutez plus ? Vous avez du mal à fixer votre attention. Je comprends, je comprends, avec tous ces « fous de vous » qui s’agitent en permanence, en brandissant votre nom comme d’autres ont brandi leurs épées qui ont été remplacées, de nos jours, par les bâtons de dynamite même si l’arme blanche n’est pas vraiment bannie, dans tous les coins du globe, je comprends que vous en ayez un peu assez de leurs agitations, de leurs provocations, de leurs embrasements soudains, de leurs exaltations douteuses. Oui, là c’est plus calme, vous avez raison, cela vous repose de regarder la Belgique et la Suisse. Comme je vous comprends ! En Belgique, on dira ce qu’on voudra mais la richesse est bien vue, ce n’est pas comme en France, d’ailleurs il existe des endroits où n’habitent que des riches, si, si. Non, pas tous Belges mais tous riches donc, un jour ou l’autre, tous belges, ce n’est qu’une question de temps et les riches en ont car, vous savez que chez nous on dit : le temps c’est de l’argent !!! He bien en Belgique aussi. Et puis on pense ce qu’on veut de la Suisse mais c’est une nation accueillante qui présente un énorme avantage pour les joueurs de tennis, c’est qu’on y trouve la plus grande concentration de courts et c’est le dernier pays où l’on ose encore garer sa puissante Ferrari ou sa couteuse Porsche dans les rues. Comment cela, la Suisse est bien grande ? Mais non Dieu, là ce n’est pas le lac Léman c’est la Méditerranée – je sais, pour vous, d’ici, il n’y a pas beaucoup de différences mais parlez-en avec les riverains du sud, lorsque vous en aurez l’occasion, ils vous diront que le climat, la nourriture, les transports, les écoles, les hôpitaux, la vie en général ne sont pas comparables. Toutes ces belles voitures garées sur la promenade des Anglais et ces beaux bateaux à l’encre, on dira ce qu’on voudra mais, dans les municipalités d’extrême droite, on peut encore montrer que l’on est riche sans crainte. Ce n’est pas encore le Qatar mais à la vitesse où l’on fore l’arrière-pays cela ne tardera pas. Je sais vous n’avez pas fait la terre pour qu’on la détruise mais il fallait y penser le jour où vous avez voulu que l’homme domine tout, aujourd’hui c’est trop tard, vous avez loupé votre coup et c’est le moment d’envoyer un autre prophète qui mette un peu d’ordre dans tout ça. Vous avez intérêt à lui coller l’étiquette laïque sur le front car connaissant votre peuple de brebis, il se pourrait, sinon, qu’il déclenche une nouvelle guerre des religions.
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