La main de Dieu...la rage au ventre.
Il est venu le temps de l’errance, la rage au ventre, dans ce monde singulier qui tourne sur lui-même, qui n’avance pas, qui ressort toujours et encore les vieilles recettes éculées qui ne marchent pas.
Quand je cherche si j’ai une raison de me réjouir, je me rends vite compte que, mis à part le petit cercle de gens, famille, amis, pour lesquels et grâce auxquels j’éprouve encore des sentiments de joie et du plaisir, il m’est de plus en plus difficile de n’être pas en colère contre les faits qui m’agressent.
Dieu sait si cela sert encore à quelque chose de s’émouvoir pour telle ou telle cause ! (« Dieu sait » n’étant qu’une expression car si l’on compte sur Dieu pour nous aider à régler nos problèmes, il nous faut une bonne dose de foi. Les systèmes religieux, le catholique comme les autres, donnent pour base fondamentale à la vie, un rapport à un esprit supérieur qui nous gouverne, être moral parfait, fait d’amour et de justice. Chaque homme a, cependant, de lui et de sa vie, une très haute opinion qui le met au centre de la réalité, au centre de l’univers et ses actions et sa conduite contribuent à décider du sort de l’ensemble). Il semblerait que les ministres de notre république soient imprégnés de ces certitudes et, particulièrement, ceux qui nous gouvernent aujourd’hui.
Avec quelle régularité, quel mouvement uniforme, le pouvoir politique actuel détruit, rase, fait la guerre totale aux acquis sociaux, à toute idée de progrès, à toute émancipation humaine, et ceci avec une morgue, un aplomb, une inconscience !
Dans mon exaspération, il me semble que ce n’est qu’un mauvais moment à passer mais, si je regarde les propositions qui recueillent l’agrément des citoyens, je me rends compte de l’état de fossilisation de la société.
Prenons quelques exemples tirés de l’actualité :
- le ministre de l’éducation lance une idée que j’ai entendue pendant trente ans, que nous avons débattue des heures durant, que nous connaissons parfaitement, que les « spécialistes » ont décortiquée, expliquée, évaluée, défendue, oubliée, qui est celle des rythmes scolaires !
En 2010, on nous fait encore le coup de nommer des commissions (comme mme Boutin ex-ministre décrite plus haut, dont le passage dans son ministère n’a servi strictement à rien sinon à lui ménager une retraite de 6 000 euros par mois, et qui fait partie de ces commissaires qui réfléchissent sur la mondialisation pour près de 7 000 euros par mois ! Fermez le ban !) des médiateurs, des politiciens battus aux dernières élections, des ministres sans portefeuille, les copains d’abord, pour nous expliquer que le grand projet pour l’école de demain c’est d’ expérimenter la pratique du sport l’après-midi dans quelques classes de quelques collèges volontaires alors même que des nations comme l’Allemagne et l’Angleterre dont on nous rebat les oreilles depuis des décennies et qui pratiquaient ce temps scolaires en sont à tirer, sinon un constat d’échec, du moins, aucun bienfait significatif qui aurait été décelé dans le classement des performances des élèves de leurs nations par rapport aux autres.
De plus, l’envisager dans un pays comme la France, sous-équipée en gymnases, en terrains de sports, sans politique sportive pour le grand nombre ( l’exemple de la fédération de foot-ball qui dépense sans compter -c’est l’équipe de France qui a l’hébergement le plus cher, jusqu’à cinq fois plus que certaines équipes concurrentes- pour l’équipe nationale, son entourage, les officiels qui l’accompagnent alors que cet argent pourrait aller à des clubs pour les installations ou pour la formation), sans personnels formés, est une foutaise.
On sait, aussi sans coup férir, qu’une grande part de la solution est dans le redécoupage de la journée, de la semaine et de l’année scolaires.
A quoi sert ce ministre ? A rien ? Détrompez-vous, car au même moment, il supprime des postes d’enseignants (6 000 suppressions prévues en 2011, ce qui portera le nombre à 70 000 depuis 2007 !), il augmente, de fait, le nombre d’élèves par classe ce qui va à l’encontre de toutes les études sérieuses et mon expérience de trente ans ! J’ai appris, ce matin, que le privé n’avait pas perdu de temps pour valoriser, à sa façon, la Parole du ministre, en créant des officines qui proposent aux professeurs débutants, que le ministre a décidé de ne plus former
(après la casse des écoles normales et des IUFM), un stage de formation accélérée de 5 jours à 700 euros ! Former nos profs en cinq jours pour 700 euros, il va y avoir du sport à l’Ecole !!!
- qu’est ce qui rend le spectacle de 22 sportifs dopés, gâtés, friqués, décervelés même, si attractif pour des millions de gens ? Qu’est ce qui rend si consensuel, si rassembleur le spectacle de trois dizaines de panneaux publicitaires courant derrière un ballon ? Comment ce spectacle où, de l’aveu même de ses thuriféraires, la triche est non seulement acceptée mais portée au rang de vertu quand elle permet de gagner, peut-il emporter l’adhésion de ces millions de gens ?
L’humanité a-t-elle, après maintes expériences décevantes au fil des siècles, perdu la foi en elle-même et en son pouvoir et ne trouve t-elle de but plus élevé dans l’existence que d’aduler ces pantins bardés d’or qui la ramène aux temps antiques du cirque ?
Selon un article de Télérama, 7 000 personnes sur les 20 000 qui ont été déplacées en Afrique du Sud, l’ont été pour construire le nouveau stade du Cap, et ont été baraquées dans des abris en tôle à 20 km du centre-ville et sans droit de propriété. Et si le respect d’un logement convenable pour les « déplacés » a été inscrit dans la charte olympique pour l’obtention des JO, la FIFA s’en moque éperdument !
- troisième exemple, pour ne pas lasser le lecteur, l’électeur avides, c’est que des pièces importantes concernant l’affaire Boulin, du nom de ce ministre de la cinquième république assassiné par ses amis qui lui voulaient du bien, ont disparu d’un coffre-fort d’un tribunal le mieux gardé de la république. Corruption, passe-droits, tricheries, toutes ces pratiques ne sont pas l’apanage de pays sous-développés, il s’agit bien de pratiques courantes dans le beau royaume de France. (« Un royaume n’est que comme une grande famille, dont les membres sont liés au chef et en dépendent »).
En dehors de l’amitié que je réserve à un petit nombre et de l’amour que je cultive pour encore un plus petit nombre, RIEN n’apporte plus de valeur, de grandeur et de tension dans ma vie que cette lutte où ce qui est en question n’est pas seulement l’acceptation de l’inéluctable, le rejet de l’utopie mais, surtout, le maintien de la vie de l’esprit dans l’humanisme qui s’exprime, chez moi, par la colère, l’impardon des fautes (néologisme de l’auteur), et la détestation des nantis arrogants.
Christian Laurans.
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