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Quand la Chine s'effondrera...

19 Juin 2010

La Chine est un tigre de papier ! Cette expression que je reprends, sans ironie, a été rendue célèbre par Mao en 1956. Le célèbre guide chinois l’avait utilisée pour qualifier ses deux principaux adversaires de l’époque, les Etat-Unis et Tchang Kaï-Chek.

Bien avant lui, Napoléon avait pronostiqué que lorsque la Chine s’éveillerait, le monde tremblerait et c’était oublier, un peu vite, la fabuleuse histoire de cet immense pays. Napo n’était pas né que la Chine était depuis des siècles la civilisation surpassant le reste du monde dans de nombreux domaines. Elle fut à l'origine de nombreuses inventions majeures pendant son rayonnement c’est-à-dire jusqu’au XII° siècle. Et même si la civilisation chinoise a fortement imprégné religieusement et linguistiquement l’Asie de l’Est, elle n’a pas influencé la vie dans le reste du monde.

La civilisation chinoise, qui perdure depuis près de cinq mille ans, l'une des plus anciennes civilisations au monde, ne l’a pas mise à l’abri d’invasions et de conquêtes étrangères. Les Mongols au XIII° siècle et les Mandchous au XVII° siècle l’ont conquise même si les conquérants finirent par adopter les coutumes et le système administratif chinois pour gouverner l'empire. Elle ne put, de la même manière, résister aux nations européennes qui lui imposèrent deux guerres de l’opium, conséquence d’une longue période de déclin durant la phase d’expansion coloniale des pays occidentaux, menant le pays de défaite en défaite.

A l’aube du XX°, la Chine recommença à fasciner nos politiques et l’on se souvient de « Quand la Chine s’éveillera » d’Alain Peyrefitte. Depuis, on a vu déferler jouets, textiles, cd, ordinateurs, pantoufles made in China de qualité douteuse et à des prix défiant toute concurrence.

Peur et admiration sont les sentiments inspirés par le géant aux pieds d’argile : une politique des naissances catastrophique sous Mao, avec l’enfant unique, qui va poser d’énormes problèmes vers 2030, date à laquelle la population sera vieille sans renouvellement, 55 ethnies recensées, la montée de l’intégrisme musulman, la multiplicité des langues, le décalage entre les campagnes et les villes modernes sont autant d’handicaps pour la Chine moderne.

Il est de bon ton de rendre la Chine responsable de tous nos maux (chômage, délocalisation…) et de regarder avec envie le « miracle chinois » et sa croissance à deux chiffres, nous qui avons une croissance à deux chiffres avec une virgule entre les deux !!! Cependant si cette croissance est éblouissante elle est injuste et ne profite pas à tous et cela ne durera pas sans causer de graves problèmes sociaux aggravés par la multitude paysanne qui s’enfonce dans la pauvreté pendant qu’une nouvelle classe moyenne s’enrichit artificiellement grâce à une croissance qui n’aura qu’un temps.

Le réveil du « dragon » pourrait alors être difficile car si la croissance chinoise influence, en ce moment, l’économie mondiale par ses exportations bon marché dues aux bas salaires pratiqués, je pense que l’avenir de cette croissance est problématique simplement parce que, par exemple, la Chine est le second importateur de pétrole du monde et le second consommateur d’énergie. La croissance chinoise va impacter (terme à la mode) les prix des matières premières en les rendant de plus en plus « chères » et à ce titre le prix des pneus chinois, qui a augmenté d’une manière incroyable, est un bon exemple.

Le développement tentaculaire des villes dû à l’accroissement d’une population qui, libérée du dictat maoïste, fera les enfants qu’elle souhaite et la surpopulation va devenir l’un des problèmes majeurs, le degré de pollution qui ne cesse d’augmenter à cause d’un parc automobile vétuste et d’industries polluantes (puisque pour se développer ils font comme l’Inde, ils acceptent toutes les industries que les pays développés limitent chez eux), des structures millénaires nécessitant une modernisation qui coûtera très cher, obligeront à des choix qui pèseront lourdement sur la croissance. Utilisation massive de pétrole de charbon ( la Chine a construit en 2006 cinq centrales à charbon par semaine. Depuis 2005, elle est le pays qui produit le plus de déchets industriels ou municipaux avec 300 millions de tonnes par an.

L’eau potable est un des enjeux majeurs de ce pays qui a déforesté à l’extrême et où la demande d’eau excède déjà, en tout cas dans le nord où vit plus de la moitié de la population, l’approvisionnement naturel.

Je pensais, un jour, dans une banlieue chinoise, que ce pays n’était pas à l’abri d’une catastrophe sanitaire et que le coût des dégâts environnementaux pourrait, rapidement, dépasser l’excédent commercial du pays qui consacrerait toute sa richesse à les payer. Cela n’empêchera pas que le coût humain soit le plus difficile défi à relever car à quoi servirait la croissance si elle conduisait à la mort des hommes. Et ce ne sont pas la suppression des ampoules à filament, l’utilisation des toilettes sèches, les parcs éoliens Tibétains qui vont résoudre ce dilemme.

Quand la Chine s’effondrera, je ne peux dire ce qui se passera…

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