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Urgence !

22 Janvier 2012 , Rédigé par C

Qu’y a-t-il d’important, d’urgent, aujourd’hui qui ne souffre d’aucun retardement ?

L’accompagnement de la vie à venir de mon petit-fils Léo qui me rapproche, à chaque instant, de la fin d’un monde qui m’échappe de plus en plus rapidement ?  La vertu de journées dédiées à la vie à deux  qui est une nouvelle chance que je n’ai pas le droit de méconnaître, de mésestimer tant les bonheurs quotidiens qui s’y rattachent sont autant de paradis  quand je la vois rire, quand je marche à ses côtés, quand je pense ce qu’elle dit ou qu’elle exprime ce que je rêve.

 

L’urgence est-ce l’assainissement de la politique, la moralisation de la planète fric ou la réforme de notre enseignement des humanités, ou, aussi  l’incontournable connaissance d’un monde de plus en plus complexe grâce aux cultures partisanes non réservées aux initiés ?

 

J’ai vu mourir des hommes  et des femmes que je voudrais revoir. Comment ne pas avoir une pensée pour tous ceux que j’aurais voulu connaître, que j’ai croisé sans y prêter attention, ceux que j’aurais pu aimer, aider, comprendre. L’important n’est-il pas de ne plus passer à côté, d’avoir le temps de s’arrêter ?

 

J’ai vu le soleil se dégager des brumes  du Machu Pichu, j’ai écouté les cigales striduler sur les feuillus qui imposaient leur ombre sur le tombeau de Sun Yat Sen, j’ai mangé des mets délicieux en compagnie de gens intéressants, j’ai nagé dans toutes les mers du globe, j’ai respiré des odeurs, touché des peaux soyeuses.  J’ai croisé des milliers de regards, entendu des milliers de mots, observé des milliers de visages  et  n’ai que peu de souvenirs. Des gouttes d’éternité parcourent ma mémoire. Les premiers pas de ma fille, le départ de mon père, la mort de ma femme, l’irruption de l’amour quand plus rien ne m’attache.

 

Je m’indigne pour les enfants esclaves, pour les enfants malades, pour les enfants soldats. L’urgence est dans le traitement que l’on réserve, après des millénaires de civilisation, à la jeunesse.  Et je vomis les donneurs de leçons qui s’émeuvent pour la retraite de  leurs enfants.  Je m’indigne que chacun gémisse sur le ton de la défaite annoncée ou de la délectation perverse, de la ruine présumée de la France, de la faillite des états, de la ruine des idéologies, du marasme des morales, de la fin des utopies. J’ai vécu soixante ans dans ce XX° siècle dégueulasse qui laisse la place à un XXI° siècle qui s’annonce encore plus pourri. L’urgence, ce qui importe, c’est l’imagination, la lumière. Ce n’est pas la prise en charge du quatrième âge, la hauteur des éoliennes, le gigantisme des bateaux de croisières. L’urgence c’est de retrouver notre langue française, de s’approprier la connaissance de nos classiques de la littérature, d’exiger l’éducation pour tous, l’accès à la culture.

 

Il faut cesser de croire à ceux qui proclament l’état d’urgence pour tous sauf pour eux-mêmes. L’urgence est de croire que tout est possible et qu’il suffit de prôner le contraire de ce que l’on est en train de faire.  Démasquer les manipulations d’un langage convenu, du politiquement correct. L’urgence est de redonner le pouvoir à l’intelligence, de faire respecter les lois par tous et d’exiger un comportement digne de ceux qui ont l’ambition de parler et d’agir en notre nom.

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