La trajectoire du fou.
Laurel et Hardy.
Lorsqu'ils entrèrent dans la salle décorée des drapeaux bleu-blanc-rouge et européen de l'hôtel Matignon, l'un était hilare et l'autre sombre comme un plan de rigueur qui ne dit pas son nom.
Laurel Baroin, dans son costume gris perle, sa mèche rebelle flottant sur son front lisse, un sourire béat sur son visage, précédait Hardy Fillon, dans son costume sombre, sa mèche disciplinée collée sur son front griffé, lèvres pincées et yeux vagues.
Laurel, qui pour une fois, n'était pas condamné à dire des contre-vérités pour éviter que les marchés s'affolent - les marchés s'affolent souvent en ce moment et les experts en économie ne cessent de nous expliquer qu'il est plus important de rassurer les marchés par des déclarations auxquelles personne ne croit que de trouver les bonnes solutions pour libérer la croissance. Le plan de promotion et de communication est plus important que la planification d'un projet de sortie de crise - souriait aux journalistes impatients d'entendre les déclarations du premier ministre qu'ils connaissaient déjà, depuis plusieurs jours dans leurs grandes lignes.
Ce qui donnait à Laurel cet air frondeur, était l'idée d'avoir glissé la peau de banane, qui allait faire glisser le premier des ministres - Laurel pense qu'il se rapproche de plus en plus de l'hôtel Matignon - avec les mesures de santé qui vont rapporter dans les six cents millions, quand même !
De son côté, Hardy qui tordait fébrilement les micros placés devant lui - le preneur de son qui avait passé trois-quarts d'heures à régler leur hauteur se morfondait dans son coin - se demandait par quoi il devait commencer.
"Résumons-nous : lorsque je vais annoncer aux riches que j'augmente le soda et le whisky et qu'ils vont devoir se rabattre sur le rhum et le gros rouge trafiqué au lieu du whisky-soda, comment vont-ils réagir ? Et puis, il a oublié de me préciser si les cigares dépassant 20 cm étaient concernés par l'augmentation. Rien sur la taxation des cierges à Lourdes, rien sur les couches jetables, rien sur les cacahuètes, parole, je ne le choisirais pas comme épicier.
Et puis, tous ces pékins savent compter, deux cents millions pour les riches, dix milliards pour les autres, va leur expliquer qu'il n'y aura plus que les riches qui pourront se payer des tickets d'entrée dans les parcs de loisirs et à thème. Bon allons-y".
Sur Truc TV, un journaliste entouré de spécialistes commente les nouvelles déclarations du premier ministre pendant qu'une fenêtre nous permet de suivre le premier ministre en muet. C'est symbolique : le premier ministre s’époumone et personne ne l'entend tandis que le journaliste et les experts pérorent et déforment tout.
Par exemple, commentant la proposition le défiscalisation des heures supplémentaires, un journaliste n'explique t-il pas que le gouvernement s'assoit sur la loi TEPA alors qu'à la vérité il se contente de les rendre (heures sup) moins "intéressantes" pour les grosses entreprises. Explication : les entreprises défiscalisaient les heures sup et touchaient,en sus, une prime sur chaque heure sup faite par un "bas salaire" (cela s'appelle l'effet Fillon, tiens, tiens). On va supprimer la prime ! Allons au bout du raisonnement et supprimons Fillon !
Le nouveau rôle du nouveau journaliste télé est de créer un langage "accessible à tous", c'est-à-dire un langage si simplificateur qu'il en devient caricatural et déconnecté de la réalité mais, nous avons bien compris que ce n'est pas la réalité qui compte mais le ressenti qu'on en a est que le virtuel, l'écume, les AAA sont les nouvelles vérités.
Comme l'a dit le premier de nos ministres : "le deuil de tolérance à l'endettement est désormais dépassé", et nous ajouterons : "le seuil de tolérance aux mesures gouvernementales et aux commentaires des experts et des journalistes télé est désormais dépassé !"
La crise a enfin un côté positif : pour renflouer les caisses de l'état, on va s'occuper de la santé des Français en augmentant l'alcool à partir de 40°/litre, le sucre dans les sodas uniquement, et le tabac.
L'idée pour Laurel et Hardy, à J-241, livrez Khadafi, mort ou vif, rapporterait Un million et demi de dollars !
L'idée n°2 serait qu'au lieu de faire graver la règle d'or dans le marbre ( dixit Mme Pécresse, ce matin) on la fasse graver dans du chewing-gum car, enfin, tout le monde rigole lorsqu'on évoque le règle d'or avec la droite grecque ou française (pour ne citer que celles-là) aux commandes.
Là, je dois arrêter car, écoutant Mme Pécresse, depuis dix minutes sur France Inter, se faire le parangon de vertu et le professeur d'économie "mon seuil de tolérance est désormais dépassé !" Répondant à une question d'un auditeur, elle justifie le maintien des salaires des députés et des ministres par le fait que le gouvernement n'a pas gelé les salaires des autres français, CQFD.
L'idée n°3, que j'adresse à Borloo qui s'est distingué par sa prise de position démagogique sur le sujet, est la suivante: limiter, dès aujourd'hui, tout élu à une seul mandat électif.
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