Libye : une guerre finit, une autre commence...
Les rebelles libyens qu'il faut, dorénavant appeler, les forces régulières de la nouvelle Libye se préparent à l'après Kadhafi et les socialistes français, qui n'ont pas changé de nom et de statut, se préparent à l'après DSK.
Si les rebelles libyens envisagent l'avenir de leur pays sans le Guide, il n'en est pas de même d'un bon nombre de socialistes qui imaginent le retour de DSK en Sauveur. Ce matin, sur France Inter, un de ses lieutenants prétendait même que la justice américaine allait enfin" reconnaître qu'il ne s'était rien passé dans la suite du Novotel de New-York.
Laissons DSK à ses thuriféraires, les has-been à l'histoire. Comme disait l'un d'entre nous, au sujet de certains sujets d'actualité : "aujourd'hui, j'ai mangé une pomme, elle était bonne ! Et l'autre répondait "tu n'as pas eu de pépins ?"
L'actualité, aujourd'hui, c'est la Libye, la fin d'une "sorte" de guerre et le début d'une période d'instabilité, de construction peut-être, de règlements de comptes sûrement.
Le directeur du Centre Arabe de Recherches et d'Analyses Politiques et Sociales ( Caraps pour les initiés) propage l'idée selon laquelle, pour réussir, une révolution doit regrouper trois facteurs principaux : la radicalisation de l'opposition populaire qui demande la tête de celui qui incarne le régime,("Mouhammar Kadhafi sera trouvé, jugé et exécuté", voilà qui change des pratiques de Mouhammar !!!) une division au sein de l'élite,(c'est fait avec les défections d'anciens bras droits, gauches et autres) la neutralité ou la trahison de l'armée envers le régime. (interviews 20 Minutes)
Le CNT étant, à ses yeux, un conglomérat sans idéologie ni homogénéité dont le seul consensus était le renversement de Kadhafi, l'évolution la plus probable est le conflit, voire la guerre civile.
L'avenir paraît sombre et le risque d'enlisement de la France, grand. Je ne sais pas ce que vont se dire Juppé et un responsable du CNT devant une coupe de champagne, aujourd'hui à Paris, mais les paris sont ouverts. La France, principal contributeur à la guerre, ne laissera pas tomber Total ni ne laissera le champ libre aux Américains plus pragmatiques qui lorgnent déjà sur le pétrole libyen ; elle ne pourra pas combattre en Afghanistan les intégristes musulmans et se satisfaire d'une prise de pouvoir des islamistes en Libye. Si les armes ont presque fini de parler, le temps est venu de reconstruire et cela ne sera pas simple car, pour se partager les dépouilles, les candidats ne se font pas prier. Des voix, en Libye, assurent que la reconstruction doit être l'apanage des Libyens eux-mêmes et les tribus vont jouer un rôle prépondérant. L'ambition de la France de devanture est de faciliter un avenir démocratique à ce pays mais les tribus n'ont pas de pays, juste des territoires sur lesquels elles exercent leur pouvoir absolu et n'ont que faire d'une démocratie à l'occidentale.
Ne serai-il pas plus juste de dire que la guerre a un prix et que, les morts et les blessés, une fois décomptés, il s'agit de payer en monnaie sonnante et trébuchante. Le pétrole libyen sera la monnaie d'échange et il n'y a qu'à écouter les "spécialistes" nous répéter, en boucle, que le pétrole libyen ne représente que 2% de la production mondiale, pour comprendre qu'il va être l'enjeu premier du retour au calme. Le journal "Les Echos" se fait l'écho de garanties données par le CNT en avril. 35% du pétrole réservés à la France ! Depuis le 8 août et le limogeage du bureau exécutif, la donne est changée, d'autres chiffres circulent comme celui des contrats passés avec Kadhafi et qui étaient soumis à des rétro-commissions.
Sur les décombres et les cadavres, les marchands ne perdent pas le nord. Après les porte-avions et les tanks, voici venue l'heure des yachts au large de Benghazi et des Falcon sur l'aéroport de Tripoli.
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